Tintin s’embarque pour l’Amérique du Sud afin de récupérer un fétiche volé au musée ethnographique de Bruxelles et se retrouve au centre de conflits armés et économiques. Poursuivi par ses ennemis, il se réfugie chez les Indiens Arumbayas, où il retrouve l’explorateur Ridgewell que tout le monde croyait mort.
Derrière la figure de Ridgewell, Hergé a très certainement voulu évoquer le célèbre explorateur anglais Percival dit « Percy » Harrison Fawcett, disparu dans la jungle amazonienne en 1925 alors qu’il était à la recherche du célèbre El Dorado. Un ingénieur- explorateur français, Roger de Courteville affirme avoir croisé Fawcett en 1927 sur une route du Minas Gerais au Brésil alors qu’il faisait la rencontre d’un peuple Indiens. Tintin incarne-t-il ce rôle ? Si l’explorateur français fréquentait le peuple pacifique des Boros, Tintin fait quant à lui la rencontre des Jivaros, un peuple réducteur de têtes. Dix ans après le reportage de Roger de Courteville sur sa traversée du continent Sud-Américain, Fred Matter et l’équipe de Bertrand Flornoy croisent le peuple des Jivaros dont ils enregistrent les rites très codifiés. Hergé s’appuie-il sur ces images pour documenter ce choc des cultures dans L’oreille cassée ?
« Haut Amazone » (1939), de Fred Matter (extrait)
L'equipe de l'ethnologue Bertrand Flornoy arrive auprès d'une tribu d'Indiens Jivaros. Les explorateurs sont tolérés, et peuvent observer leurs modes vestimentaires et culinaires, leurs constructions, ou encore leurs pratiques de chasse et de pêche. Mais les savants s’intéressent particulièrement aux rites magiques de protection que pratiquent les Jivaros avant les expéditions guerrières. Ils accomplissent ces rituels avec la tête de leurs ennemis qu’ils exposent dans la hutte des guerriers en guise de trophées.