Pour ce deuxième numéro de la « boîte noire », je vous propose de rencontrer Benoît Collombat, journaliste d’investigation à Radio France, qui se définissait il y a quelques années dans Le Monde comme un « moine copiste de l’enquête ».

Benoît est notamment à l’origine de la relance judiciaire de l’une des affaires les plus mystérieuses de la Vème République : la mort de Robert Boulin, alors ministre du Travail de Raymond Barre, le 30 octobre 1979, à la fin de la présidence de Giscard d’Estaing. L’homme politique a été retrouvé la tête plongée dans 50 cm d’eau vaseuse au milieu d’un étang de la forêt de Rambouillet. Suicide par noyade après absorption de Valium, concluront les autorités judiciaires. « Assassinat », lâchera au lendemain du drame le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas.

Cela fait plus de 20 ans que Benoît Collombat a décidé d’enquêter sur ce cold case à la française. En 2007, il publie chez Fayard sa somme sur l’affaire Boulin : Un homme à abattre, avec la conclusion suivante : la thèse du simple suicide n’est plus crédible. Son travail d’enquête va finalement amener la justice en 2015 à se pencher de nouveau sur le dossier en ouvrant une information judiciaire pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat ». Et en 2022, un homme se manifeste auprès de la justice dans l’affaire Boulin. Il dit avoir assisté à une conversation qui accrédite la thèse du meurtre du ministre. D’après ses dires, des membres du SAC, le service d’action civique, police officieuse du RPR, souvent chargé des basses besognes, ont évoqué « un accident ».

Avec Benoît, on va donc évoquer les coulisses de son enquête, sa conception du journalisme, sur ses motivations d’enquêter sur une telle affaire, et ce qu’elle révèle de la « raison d’État » et des zones d’ombre du régime de la Vème République.

Marc Endeweld

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