Le bouillonnant et précis Pierre Douillard-Lefèvre convoqué #AuPoste pour «Dissoudre» Grevis Editions.
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« Les dissolutions s'accompagnent toujours d'une mise en récit. C'est une procédure d'exception, c'est une procédure administrative, et comme l'antiterrorisme, elle s'accompagne d'une mise en récit. On ne peut dissoudre qu'un collectif qu'on a d'abord stigmatisé. "L'antirépublicain", "le black-block", "l'ultragauche", "l'écoterroriste". On crée d'abord un récit qui stigmatise, qui met en danger, pour ensuite valider, faire accepter la dissolution. C'est vraiment une procédure politique, politique au sens d'une mise en récit, d'une fabrique du consentement. Le principal terme, le principal mot qui revient en boucle, c'est le mot "République". Ce collectif, cette association, ce groupement de fait, porte atteinte aux valeurs de la République. La loi "séparatisme", son vrai nom c'est "loi confortant les principes de la République". Ce mot "République" j'ai l'impression qu'on ne l'a jamais entendu autant que ces dernières années pour justifier les pires horreurs. On parle de débat républicain, pour justifier l'interdiction du voile, la stigmatisation des musulmans. On parle de procédure républicaine pour justifier le 49.3. L'an dernier, on a beaucoup entendu "écoutez, c'est républicain, on est en train d'imposer une loi cassant le droit à la retraite, rejeté par quasiment toute la population, mais finalement ça respecte les règles républicaines". La procédure de dissolution s'accompagne d'une dissolution du sens des mots. C'est très important. Une dissolution du sens des mots. Macron, c'est quelque part, un maître dans la destruction du sens. »