Le Grand Pari.20250714

time12 d agoview7 views

Bon dieu que j'ai peur.

Le théâtre magique, paléolithique, néocortical, pourtant, nous transporte d'avance dans les possibles, une mémoire exploratrice du futur, dont nous moissonnons des expériences à digérer. Même les bad trips nous préparent à traverser les moments analogues, à venir, de la réalité. À la fois, la profondeur des impressions, les gouffres des traumas et les pics de délire structurent la genèse et élaboration de nos perceptions corporo-mentales, comme un milieu depuis lequel notre conscience du moment, égotique, particule s'énonçant comme un Tout, un Centre, écume se prenant pour la mesure-Essence, discourre, panique, s'adapte, évolue, habite. Naviquer dans tout ça?, plonger, ramer, nager, embarquer, débarquer, ne pas se noyer ni laisser se noyer les autres, naufrager, sauver tout le monde, enfin à peu près, se sauver soi-même, aider, coopérer, ne pas se laisser faire, écouter, se relaxer, être disponible à tout, savoir lâcher le microphone et se détacher de ceux qui l'ont, déployer l'en-dehors même des coulisses, ouvrir les écoutilles aux bols d'airs jusqu'à se remplir les poumons et les horizons d'univers, peut-être infiniment connaissable et inconnu, pas mal comme McGuffin, et c'est juste un hourra! et mystère parmi d'autres, si l'on chemine avec curiosité dans l'existence, quelle qu'elle soit. C'est heureusement ainsi que nous naissons sur Terre, formes de vie confondues: à tenter l'aventure! Les réflexions sur la mort sont le luxe suprềme de qui vit, on peut s'en passer, les ranger dans un tiroir, s'en habiller, s'en imbiber, les laisser se retirer, et tout autant aimer la vie, de ma chair sentiente à l'ensemble, l'ordre et le chaos du monde, les évènements, les conditions, et cet état "quantique" en tout cas imaginable où nous nous trouvons chacun, chacune, à tout instant, en tout recoin, en ton for le plus intime, autour de toi: à la croisée des mondes et des trajectoires.

Alors, vas-tu obéir au Capital, regarder un bruit qui bouge sur écran, choisir ta castration?

Ou bien, cherche et essaie par toi-même de comprendre l'Étant, par toutes les grilles de lectures, et de faire de bonnes choses, parmi les gestes et visées de tes horizons à élargir et trier constamment, appuie-toi sur les structures, fonctions, mécanismes, dynamiques et programmation des phénomènes vivants avant d'intégrer les couches arbitraires du social, cherche parmi ceux qui cherchent et font et se retiennent avec discernement, distingue parmi les mots ceux qui ouvrent sur l'extérieur et permettent d'y évoluer, et ceux qui enferment dans une coque tapissée de divertissements et de soucis artificiels. Sors ton Éros et découvre clandestinement, s'il le faut, les espaces habitables de tes coordonnées, trace une empreinte positive, à contre-courant de l'exploitation, destruction, dégradation, accaparation, oppression, domination, reçois et fais rejaillir les dons d'humanité et de convivialité entre espèces au cours de tes années, guéris les blessures et libère-toi des carcans, trouve et jongle avec les équilibres, avance, repose-toi, reprends depuis d'autres points, une oeuvre, un ouvrage, une relation, fertilise ton meilleur avec celui des autres, et puis tais-toi aussi, lâche tout ça…, sois, écoute, respire, mange, cuisine, nourris ceux qui ont faim, balaie, prends soin d'un peu tout et tout le monde, souris - et pleure -, fait converger les joies saines dans tes activités, émerge en pionnier de la suite, je t'attends, tu nous raconteras, nous sommes ensemble dans cette lutte, à travers les siècles et les isolements, depuis chaque recoin et for intime, en fait, liquides par rapport aux mailles de l'existence. Afin d'être fort clandestinement déjà, d'abord, et de toutes façons, en plus de l'être éventuellement parmi la scène hypnotico-sociale.

Nous reconnaissons presque tous l'intérêt commun de vivre bien chacun et ensemble, de maintenir l'habitabilité planétaire et un accès conjoint, égalitaire et modéré, au ressources , via le respect et la délibération, plutôt que la guerre et la course à l'enfer. Donc imaginer et trouver réellement des manières de faire qui marcheraient, peupler l'avenir de possibles heureux.

Revenons, encore et encore, comme on peigne les poux. Parmi les structures et dynamiques qui émergent entre organismes, il y a cette forme parmi les mortifères, particulière, qui concentre les ressources, les pouvoirs, et abuse de ses gains pour plus de gains pour plus d'abus, jusqu'à la limite, et au-delà, et contraint par la violence à ce que chacun se cantonne à un statut hiérarchique, anti-humaniste et anti-écologique, figeant le sens de l'Histoire locale dans un mécanisme dénué d'alternatives, une spirale de ruptures irreversibles ou difficilement, lentement réversibles, laissant la place aux formes rescapées, en dormance, possibles, legs de quatre milliards d'années et plus du phénomène "Vie sur Terre", et plus largement encore legs de conditions "universelles" permettant notre fenêtre collective d'existence dans ce Bruit-Vide-Partout qui nous engendre et nous éteindra sans nous connaître. Absurde source d'Être Conscient, je te regarde… si mon organisme cherchait à élaborer une perception de ce que tu es, chaos primordial et génétique, mère-alien, océan tiamatique, solaris, grand-ancien, mystère enfin, les mots s'épuisant, qui me contient, me protubère, m'ontogènère et précède, me dépasse en matière, temps, mouvements, coordonnées, détails, en existence, et je voudrais te regarder, te tutoyer, sans me perdre, m'y brûler, nos frontières baissées, je voudrais habiter l'infini pour l'intégrer à ma connaissance, Toi qui me dévaste tout schéma possible, il me faudrait creuser en arrière jusque dans ce que je n'ai pas ou plus, ne serai jamais, jusque dans la racine la plus profonde de l'Existence (mais qui en un sens quantique nous lie tous, au-delà des trains causaux confirmés, par tous les scénarii que nous appréhenderons… enfin bref), pour te comprendre, nous survivre, transcender, et pourtant, si je respire, reste calme, vis l'expérience, la traverse, en assouplis le trauma en un souvenir remémorable, dialogable, rangeable, oubliable, décomposable, ressuscitable, digestible, fécond, si je ralentis le vécu ou l'accélère, si je dissocie et me reconnecte, si je deviens, je peux un peu plus amener ma conscience humaine à l'univers, comme d'autres consciences le peuvent. Un milieu commun duquel parler par-delà les cônes de lumières, les causalités et coordonnées physiques, biologiques, psychologiques, culturelles, planétaires, stellaires, galactiques, époques, ères, éons, constantes physiques qui nous séparent, les distances voire les inexistences tout court qui nous séparent.

Cette énergie omniprésente toujours à l'oeuvre selon ses propres forces qui depuis tout le temps (mais ça veut dire quoi?), en tout point, volume ou interstice de l'espace-temps (mais ça veut dire quoi?), et à jamais (mais ça veut dire quoi?), à toutes les échelles, celles que nous envisageons comme perceptibles, significatives, structurantes ne serait-ce que de nos perceptions, et les autres (mais ça veut dire quoi?), cette soupe de courants qui ont engendré, engendrent, engendreront, - ou pas, ou de nouveau -, le Monde, mon Existence et tout le reste, ce mouvement déjà présent fait de forces et d'énergies qui crée et annihile, et semble évoluer lui-même dans tous les éventails de trajectoires que l'on creuserait, sans trace d'intention expliquant la miraculeuse bulle locale de stabilité de notre univers et berceau solario-terrien, et même d'être au pinnacle civilisationnel de notre intelligence et de notre bêtise. Difficile de digérer l'Étant dans sa totalité et ses possibles, c'est beaucoup pour moins de 2000g de neurones, mais enfin c'est une des Questions Communes, et un chemin est possible pour chacun, donc des rencontres, un écosystème à plusieurs formes de vie, trouvant les synergies et convergences, les comportements métaboliques dont nos synthèses logorrhéiques feront des fondements philosophiques, une alliance entre la vie telle qu'elle vient et va, et notre conscience, notre noosphère. Un contact direct de mon esprit avec la Totalité serait comme vouloir explorer le Soleil corporellement, accéder à toutes les trajectoires conscientes, passées et futures, propres et aliènes, en même temps, et pendant que mon égo explose et que j'en déconnecte, l'Immensité peut-être infinie et éternelle n'a cessé d'être et de devenir, Tout-Causante et insensible à mon for, à ma vie ou ma mort, pourtant génitrice et supportrice de mes conditions habitables, dans l'inattention complète de son déploiement selon toutes les combinaisons à portée de probabilité locale. De quoi en faire une divinité aveugle et chaotique, dont on voudrait sécuriser l'ordre, les stabilités hors du monstre-mouvement qui dévore ses enfants, etc. L'Univers.

Ce qui est: ce qui bouge, ce qui change. L'Étant, le Changeant. Observé ou inobservé, observable ou non, intelligible ou non, imaginable ou non, imaginé ou inimaginé, compris ou incompris, vivant ou mort, conscient ou non, hostile (indifférent) ou gaïen. Les peut-être, maintenant, dans mon esprit. Ce jeu d'écarts qui brouillent et superposent les trajectoires. Brouillonnements, bouillonnements de nouvelles probabilités, stabilités, dynamiques et structures. Tenir les horizons dans son corps, les perceptions. Et après l'épuisement des catégories accessibles, y a t il un canal quelque part vers la réalité, ou les symboles se referment sur nous comme un piège culturel, une termitière coupée de l'érème?

Loading comments...