3/4 Ariane Mnouchkine : Entretien avec Laure Adler (2014 - Hors-champs / France Culture). Pour l'émission “Hors-champs” diffusée sur France Culture le 18 décembre 2014, Laure Adler s'entretenait avec Ariane Mnouchkine. Troisième émission sur quatre d'une série en compagnie d’Ariane Mnouchkine, metteur en scène, fondatrice et directrice du Théâtre du Soleil. Un entretien autour du choix des thèmes, de l'imaginaire et du travail de l'acteur... "Quand on reçoit des fonds publics, on a une mission..." : aller au plus grand nombre. "L'argent (...) doit être redonné (...) par des œuvres jouissives et éducatrices..." "Tout devrait être oeuvre. Pas chef d'œuvre, œuvre. Quelque chose qui mérite au moins ce nom..." Elle évoque son travail avec Hélène Cixous, qui lui a écrit de nombreuses pièces : "elle fait partie…D'une façon différente, mais elle fait partie..." Les thèmes viennent, quand ça lui "brûle"... Ils sont souvent inspirés par "ce que nous vivons", à la condition sine qua non d'y trouver "de l'universel". "Qu'est ce qui dans tout ce vacarme de l'actualité est fracas ?" Elle nous parle de sa pièce "l'Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge", première collaboration avec Hélène Cixous. "C'est une des rares fois (...) où un spectacle a eu un poids politique réel..." Mais plus que les politiques, Ariane Mnouchkine cherche à marquer "chacun d'entre nous"... "Le théâtre concrétise dans la chair et les émotions, les souffrances, les joies..." La restitution de la réalité ne suffit pas. "Il faut la rendre lisible (...) Il faut montrer ce que c'est dans l'imaginaire des gens", comme dans "Le dernier Caravansérail"... Les acteurs doivent "y croire". "Il ne peut pas y avoir de compassion sans imagination (...) Mais être affligé ne suffit pas (...) il faut l'art du théâtre..." Pour le public, "il faut cette part d'identification (...) et en même temps cette lucidité". Il y a deux plaisirs : "l'émotion et voir en même temps comment cette émotion vous est donné..." L'un n'annule pas l'autre, mais le multiplie... Comme dans "l'Indiade", il faut une part d'interrogation, de suggestion... Pour les acteurs, elle rappelle "que c'est énormément de travail (...) C'est l'oubli de soi-même pour trouver l'autre (...) Ce sont des invocateurs..." Il faut "ensorceler". Le rapport au corps, à la voix, est aussi essentiel... "C'est un rapport de rythme, de respiration (...) Un instinct. Quelqu'un rentre et ne marche pas tout à fait pareil que sur le plancher des vaches..." Au théâtre, il faut aussi savoir "attendre". Elle parle de son travail sur Tartuffe : "il faut tout balayer et reprendre la pièce comme au premier jour..." Dans sa troupe, s’il y a "des poissons pilotes", le salaire est égal. Il faut des gens extrêmement différents, en âge, en sexe, en nationalité... "C'est l'image du monde"
Thème(s) : Arts & Spectacles| Théâtre| Ariane Mnouchkine
Source : France Culture
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