« Citoyennes », ou « générationnelles », les mobilisations pour le climat de ces quatre dernières années ont souvent été qualifiées selon des typologies insatisfaisantes du point de vue de la sociologie. Ces mobilisations capteraient des publics sans distinction d’origine sociale ou politique, uniquement à la force de l’urgence de la thématique. Largement repris par les organisateurs du mouvement, ces qualificatifs dessinent un mouvement social dans lequel le clivage générationnel remplace la division de classe ou le clivage gauche droite. Les enquêtes menées par le collectif Quantité Critique auprès d’un public mobilisé en manifestation témoignent pourtant d’une très forte sectorisation sociale et politique au sein des classes supérieures et politiquement marquée à gauche. Pour comprendre cette double spécificité des personnes mobilisées, nous avons souhaité enquêter la totalité de la classe d’âge des lycéens, population supposément mobilisée sur la question de l’écologie. Nous présenterons les résultats de l’enquête qui permettent de comprendre ce qui distingue les participant des soutiens inactifs aux marches pour le climat et des personnes qui restent indifférentes à la cause climatique. À rebours de l’idée d’une génération spontanée, nous montrerons l’importance de l’encadrement familial pour expliquer le positionnement par rapport aux marches. Nous caractériserons également, à l’échelle des lycées, les propriétés sociales et scolaires qui expliquent les rapports d’engagement et les distances au mouvement écologique différenciés.