« J'avais mon chien et un marteau dans le sac. C'est comme ça que je partais faire les shows en boîte, il faut quand même replacer dans le contexte. C'était période un peu dure vers 2002/2003. C'est un moment où je n'étais déjà plus actrice, parce que finalement, quand on regarde sur l'échelle d'une vie, ça a duré très peu de temps, ça a duré de fin 1999, où j'ai fait un film en 1999, j'ai fait le plus gros des films en 2000/2001, puis après, voilà quoi. J'étais réal, et j'étais déjà publiée, je crois que mon Porno Manifesto, c'est 2001, donc j'étais déjà publiée, mais je ne pouvais pas en vivre. Et donc, le seul truc que je pouvais faire pour vivre, c'était des shows en boîte. Donc c'était des shows en discothèque en province, où tu passes à 3 ou 4h du matin quand tout le monde est fin soûl, et tu fais une espèce de strip-tease amélioré. On va dire strip-tease un peu plus spectaculaire. Et moi je faisais des trucs un peu avec du feu, et c'était horrible. Et c'était hyper dangereux, c'était surtout hyper dangereux, parce que tu n'es jamais à l'abri. Je me souviens, j'avais des collègues... Déjà, ça t'arrive hyper souvent de ne pas être payée, à la fin de la soirée, on te dit "Bah non, tu t'en vas et on ne te paye pas". Et puis, il y a surtout plein de filles qui ont été agressées sexuellement voire violées. C'est à ce moment-là, moi, que j'ai eu besoin justement de quelqu'un qui puisse me défendre déjà, des érotomanes qui pouvaient me suivre dans la rue, ou me harceler, ou me suivre jusque chez moi, qui puisse me défendre physiquement, mais qui puisse surtout m'aimer de façon inconditionnelle sans me juger. Et finalement, Raziel à ce moment-là, c'était le seul être sur Terre à m'aimer sans aucun jugement, sans aucune morale et c'est ce qu'il a fait toute sa vie en m'accompagnant jusqu'à l'âge de de 12 ans. Et c'est aussi ça, les chiens dont je parle dans ce texte sont des marqueurs biographiques de mon existence. Ils correspondent vraiment à des moments entiers de de mon existence. Et Raziel correspond à toute cette période-là. Et c'est celui, c'est le seul qui ne m'a jamais lâchée, en fin de compte.»