« Le cordon sanitaire, c'est une co-construction entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen »
Hier, l'historien Nicolas Lebourg était invité Au Poste.
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« Jean-Marie Le Pen prend des notables de la droite pour arriver à avoir ses élus. Pas du tout les aventuriers du Front National des années précédentes. La premmière chose qu'il leur fait faire, il les amène sur la tombe de François Duprat, néofasciste proclamé, aventurier politique, qui a été dans mille affaires étonnantes, assassiné dans un attentat à la voiture piégée en 1978. Sa tombe est frappée d'une croix celtique. Et il les amène pour un discours, disant "Vous êtes solidaires de tout le passé du Front National". C'est-à-dire qu'il prend des bourgeois de droite qui sont venus chercher une place, parce qu'ils ne pouvaient pas être élus par les partis de droite, et il leur dit "maintenant les gars, c'est pas si simple. Vous ne retournerez pas à la maison, jamais. Je vous crame d'un coup avec un néofasciste assassiné, négationniste, antisémite, qui a participé à des aventures en Françafrique etc. Vous êtes cramés d'accord ? Il n'y a pas de retour en arrière." Et donc Jean-Marie Le Pen veut ce cordon sanitaire, parce qu'il se dit "si je perds ces notables,ils vont revenir à droite, et moi je recule". Donc c'est une co-construction, le cordon sanitaire. C'est Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen qui sont d'accord : "il faut pas que nos mecs partent chez l'autre, et il faut que chacun tienne sa part de marché." Et on a une espèce de deal, comme ça bien fait. Et c'est comme ça que ça va fonctionner et que ça va être efficace. Le problème aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas de deal faisable pour un cordon sanitaire efficace, au contraire. D'où le fait que ça circule et que ce soit si poreux, parce qu'il n'y a pas un deal gagnant-gagnant qui était faisable à la fin des années 80. »