Après deux jours d’attaques contre la "tyrannie des juges" dans la foulée de la condamnation de Marine Le Pen et du RN, Emmanuel Macron est sorti de son silence ce mercredi 2 avril. Se posant en "garant des institutions", il a notamment "rappelé", en Conseil des ministres, "que l’autorité judiciaire est indépendante" et "que les magistrats doivent être protégés et ont le droit d’être respectés". Des magistrats qui s'inquiètent des attaques répétées contre la justice, et observent une dérive en France comme dans d’autres pays. Dans les colonnes du Monde, le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau soulignait il y a quelques jours la gravité de l’époque : "Nous sommes dans un moment historique où il y a une tension entre deux formes d’Etat : l’Etat de droit, où être élu par le peuple ne suffit pas ; l’Etat brutal, comme on le voit avec Trump, où l’élection est censée donner tous les droits". Et la France n’est pas à l’abri alertent des hauts magistrats du Conseil d’Etat et de la Cour de cassation.
Les déclarations les plus frappantes, ces derniers mois, sont notamment venues du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau : "L’Etat de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré", a déclaré l’ancien sénateur LR de Vendée, dans un entretien au Journal du dimanche (JDD), à l’automne 2024. "L’Etat de droit a été dévoyé au point que la règle de droit ne protège plus la société française mais désarme l’Etat régalien. Quand une règle ne protège plus les Français, il faut en changer", a insisté le ministre en février, toujours dans Le JDD. Une position partagée par Laurent Wauquiez qui avait dénoncé un "coup d’État de droit" après la large censure du Conseil constitutionnel de la loi immigration. Il a également indiqué lorsqu’il présidait la région Auvergne-Rhône-Alpes qu’elle ne respecterait le dispositif de la loi "climat et résilience" sur la non-artificialisation des sols, avant finalement de faire machine arrière. Le président du groupe LR à l’Assemblée nationale appelle par ailleurs depuis plusieurs semaines à dissoudre l’ Office français de la biodiversité (OFB), après avoir décrit ses agents comme "une coalition d’idéologues". Lors d'une audition devant la commission du développement durable de l'Assemblée nationale, le directeur général de l'OFB, Olivier Thibault, avait rappelé en janvier dernier, que ses agents avaient pour mission (entre autres) d'assurer la police de l'environnement. "Il s'agit de faire appliquer la législation que vous avez vous-même validée, au nom de notre cadre de vie", a-t-il expliqué aux députés. "Des gens me disent que le droit de l'environnement n'est pas aussi important que le 'vrai droit'. C'est choquant !"
Les experts :
- Benjamin MOREL - constitutionnaliste, maître de conférences en droit public à l’université Paris 2 Panthéon-Assas, auteur de "Le nouveau régime ou l’impossible parlementarisme", publié aux éditions Passés composés
- Nathalie SCHUCK - grand reporter pour le magazine Le Point
- Nathalie MAURET - reporter politique pour le groupe de presse régionale Ebra
- Bernard SANANèS - Politologue, président du cabinet d’études et de conseil Elabe
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