« L'écologie est devenue un objet de confrontation politique. C'est devenu un vrai objet politique. Le champ politique se réorganise. Pour le faire simple, d'un côté ça va être ceux qui disent sobriété, justice sociale, par respect pour l'environnement, et indissociable d'une approche, d'une vision de la société beaucoup plus égalitaire, et de l'autre, on maintient l'ordre social, et on va vers la technologie, et par exemple en l'occurrence, les mégabassines. Donc on a une confrontation qui est maintenant une confrontation idéologique au bon sens du terme, de récit d'avenir, et de récit d'interprétation de la réalité qui s'opposent clairement. Même si du côté des écolos, c'est assez dispersé pour les raisons de la division du mouvement d'émancipation que vous connaissez comme moi. Donc une fois que ça, c'est acquis, ça veut dire que maintenant, l'écologie devient un danger pour le système. Elle devient un danger théorique, intellectuel, social etc, précisément parce qu'elle peut avoir une capacité d'entraînement. Et là, on l'a vu, au moment de la crise agricole, il y a deux à trois mois, qui est en fait une révolte paysanne, en partie mise en scène et instrumentalisée par la FNSEA, mais où tous les médias de l'oligarchie et le pouvoir lui-même va dire "ah mais c'est une révolte contre les normes environnementales". Exactement de la même manière qu'au moment des Gilets Jaunes, ils avaient présenté le mouvement des Gilets Jaunes comme un mouvement – ils avaient essayé en tout cas – un mouvement contre l'écologie, parce que contre la taxe carbone, plutôt qu'un mouvement de révolte sociale, par rapport à la condition qui est faite de plus en plus de précarisation des classes moyennes ou des classes populaires. »
Hervé Kempf Reporterre « L'écologie devient un danger pour le système »
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